Le temps d’un instant…

Le temps d’un instant, l’étang s’étend là, au bord de mes pieds. Le soleil toujours présent paraît et disparaît, caché par les nuages… balayés par le vent.

Ils sont moi et je suis eux. Je parle de nous tous, éléments de la nature, composés des mêmes éléments chimiques de toute vie sur terre. Alors, lorsque j’écris, c’est mon cœur qui parle et le leur aussi. Ils s’invitent à la fête lorsque j’accepte de prendre la plume, pour leur rendre hommage, pour leur donner la parole et faire passer le message, par mes oreilles tendues comme le fil d’un cerf-volant dans le vent breton. Les entendez-vous les oiseaux, comme je les entends ? L’entendez-vous l’eau des petites rivières se déverser en torrent ? Entendez-vous la résonance de ces sons dans l’écho de la forêt ? Ils s’élèvent en une mélodie harmonieuse, un chant forestier dont le sens touche nos sens, nos cinq physiques et les autres, qui nous reconnectent en un instant à ça : vie naturelle, vibrante, rafraîchissante et nourricière, saisonnière et florissante. Merci. Je ne suis pas une entité à part, distincte. Oui, aux yeux humains, je parais humaine, aux contours bien finis. Aux yeux de la Nature, je suis sœur des arbres et des renards, des pics verts et des rouges gorges. Je forme un avec eux et ils forment un avec moi. Nous formons une Vie, véritable et indivisible.

Sortir de l’illusion est chose aisée pour celles et ceux qui n’y ont jamais vécu. Sortir de l’illusion pour nous, humains, est un véritable challenge, un tournant, un revirement de situation, purement nécessaire à notre survie.Je ne connais pas les délais… Alors commençons dès maintenant à nous voir vraiment. « Je te vois » nous disent la forêt, la mer, la terre, les cieux, à chacun d’entre nous (référence « avataresque »). Tous ensemble, du fond de leur cœur ils nous disent : « Nous vous voyons frères et sœurs ».

Dans le bois, proche des rochers qui sourient, j’entends ceci :

« Libérez-vous de vos chaînes en or et argent,
Avancez librement nus dans le vent,
Soufflez fort comme lui
Espacez-vous et criez Oui !
Au loin, tout près, tout vous entend :
Ce tout tendre et tenté de vous aider.
Pourtant, il se retient de tout vous donner.
Car vous prenez tout ce que l’on vous tend
Mais le cœur n’y est pas encore présent.
La gratitude part de votre tête.
Alors ce n’est qu’un merci désincarné.
Tant que vous ne ressentirez pas votre merci venir du plus profond de vos entrailles, traverser votre poitrail et résonner musette dans toutes les couches de vos nuages,
Il ne se passera rien qui nous satisfasse tous, tel un heureux présage.
Regardez-vous donc dans un miroir pour vous reconnaître.
Et regardez donc tout, autour de vous, pour vous reconnaître.
Vous l’avez compris, votre engagement vient du cœur.
Votre changement vient du cœur et du « oui » que vous vous autoriserez à chanter, à célébrer, ensemble. »

Et devant Monsieur Rocher, je perçois cela :

 « Je tolère votre présence et demande séance tenante à vous connaître plus. Je vois là des outils bizarres. Je vois là un accoutrement des plus inhabituels pour nous qui sommes ici depuis si longtemps. Que sont donc ces épaisseurs qui cachent votre beauté nue ? Humidité et vent ne nous ont jamais fait peur ; ce n’est pas pour cela que nous avons revêtu pareils enchevêtrements.
Parlons peu et parlons bien : revenez quand vous le voulez, quand vous le pouvez, pour converser avec nous autres qui ne bougeons pas d’ici car c’est bien là notre logis, nos racines, notre vie. Il ne nous empêche guère de voyager à souhait, dans nos longs sommeils, dans nos rêveries et dans les récits de voyages que nous font nos amis du règne animal. Avec les végétaux, nous partageons nos écoutilles et entendons ce qui se passe au-delà d’ici. Alors viens, car il n’ait plus de sens de te considérer étrangère à notre grande famille. Point de méfiance à ton encontre. L’envie de te rencontrer vraiment, de cœur à cœur, est bien plus grande.
A bientôt pour se voir. Merci à toi belle rocheuse. »

Merci pour ce temps présent que nous nous offrons en rencontres et reconnaissances, en toute humilité et avec beaucoup de gratitude, celle qui vient de mon cœur qui sent toutes les odeurs des sous-bois, gorgés d’humidité. Un grand merci pour votre présence, pour toutes vos tentatives d’entrer en contact avec nous, pour votre patience et votre indulgence, encore. A bientôt.

Arbres déracinés par le vent

Humains déracinés par la vie

Grande quête de ces derniers

Pour retourner à leur terre,

Là où ils plantent leurs pieds.

Aurélie.

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